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Qu'est que le MVP ?

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Anthony Grutter, Chief Technical Officer - Co-fondateur
Le 18 décembre 2018
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  • ecommerce
  • stratégie

Lecture :5 minutes

Bien que expéditive, la définition donnée par Wikipedia a le mérite d’être en parfait accord avec l’objet même de ce qu’elle définit : un produit minimal et viable.

“Le MVP (minimum viable product) est une stratégie de développement de produit, utilisée pour de rapides et quantitatifs tests de mise sur le marché d'un produit ou d'une fonctionnalité.”

Ce qu’il faut retenir de cette concise description c’est qu’il s’agit bien d’une stratégie et non d’une finalité. Le MVP est un élément de passage, une étape, qui s’inscrit dans une oeuvre plus globale. Le MVP va permettre à tous les intervenants de tester, d’éprouver une version limitée (minimale) du produit tel que nous l’avions imaginé au départ, et d’en tirer des enseignements afin de construire le produit tel que nous n’aurions pas pu l’imaginer initialement.

C’est un processus qui vise à privilégier la vitesse de développement et donc les délais de mise en production :

Plus vite, plus tôt !

Pourquoi vouloir faire plus vite, plus tôt et - par conséquent - incomplet alors qu’on pourrait simplement prendre plus de temps pour sortir un produit complet ?

Les raisons sont multiples :

  1. Accepter de se tromper plus rapidement pour corriger ou changer plus rapidement. L’objectif ici est de tester rapidement parce qu’il est plus facile de changer et de réorienter un projet ou une fonction dont le périmètre est étroit.

  2. Faire avancer un périmètre plus petit permet également de le corriger immédiatement, au moment où il est encore frais dans l’esprit des développeurs. C’est plus efficace que d’attendre la fin du projet pour aller déterrer des problèmes oubliés depuis des mois.

  3. Recueillir des feedbacks des utilisateurs est plus efficace sur un produit qui n’est pas encore trop complexe. Les feedbacks sont concentrés sur l’essentiel. Il en va de même lors d’une mise à jour ou de l’ajout de fonctionnalités, les feedbacks seront concentrés sur le changement et les ajouts. Ils ne seront pas dilués et seront plus facile à compiler.

Ok, donc on veut aller vite, se tromper vite et corriger rapidement. Mais concrètement, c’est quoi un MVP ? la page d’inscription à la newsletter qui annoncera le futur site ? La première pierre de l’immeuble ? la roue de la voiture ?

Dans le schémas “classique” du MVP qu’on trouve souvent sur internet on découvre généralement le MVP comme l’évolution du skate vers le vélo, puis du vélo vers la moto pour enfin aboutir à la voiture. Pour vérifier mon propos, tapez MVP dans google Image… les résultats sont éloquents.

C’est une erreur très grossière. Le MVP est une continuité et une évolution d’un même produit répondant à un besoin identifié et dont l’objectif est maintenu de bout en bout. Un skateboard n’est en aucun cas le MVP d’une voiture. Il ne répond à aucun besoin commun avec la voiture : il ne peut rien transporter et n’est pas un objet destiné au déplacement de l’usager. C’est un objet de divertissement, sportif et fun dont l’objet est le plaisir le jeu et la compétition. La voiture répond à un cahier des charges très différent, dont : se déplacer, transporter des objets, être en sécurité, être à l’abri des intempéries, etc.

Le MVP de la voiture serait donc plutôt la voiture à bras, ou à cheval... l’ancêtre de la voiture, tout simplement. Si vous n’êtes pas convaincu, pensez encore à ce point : lorsque Elon Musk réinvente la voiture électrique, il ne commence pas par faire un skateboard, il fait une voiture. Et après il améliore certaines parties : augmentation de la durée de vie des batteries, conduite autonome, etc.

Une stratégie itérative et incrémentale 

Ainsi, lorsque qu’on parle de MVP, on parle d’une stratégie de déploiement d’un produit. Nous nous inscrivons dans un processus qui est constitué d’étapes et répond à une certaine logique de priorisation des fonctions et des valeurs.

Etrangement, certains l’auront peut-être remarqué, la notion de MVP rassemble deux idées contradictoires : Minimal et Viable. En effet, le produit doit avoir atteint un certain niveau de complétude; suffisant pour être viable et utilisé par les usagers, et en même temps minimal pour permettre aux développeurs de le faire rapidement.

Un produit complet cela signifie : un ensemble de fonctionnalités qui apportent de la valeur pour les usagers, un produit cohérent qui a toute les apparences du produit fini. Mais comme il doit rester minimal, on va faire des concessions et sacrifier certaines parties.

C’est en cela que réside la stratégie : quels seront les valeurs à déployer en priorité puisque nous ne pouvons pas tout réaliser en même temps.

Au fil des itérations seront générés de nouveaux incréments du produit. Il sera complété avec de nouvelles fonctionnalités. L’existant, soit le résultat des itérations précédentes, sera corrigé et amélioré en s’inscrivant dans une continuité.

L’itération va suivre un cycle logique :

  1. rassembler les idées

  2. construire un incrément du produit

  3. publier l’incrément du produit

  4. mesurer

  5. stocker les données des mesures et les feedbacks

  6. analyser et apprendre de ces données

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Vous voulez un exemple ?

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le site UKAL Elevage est à ce stade du projet : une MVP de ce qu’il doit être à terme. Aujourd’hui, le catalogue est disponible au public, sans tarifs. Demain, les tarifs des produits seront synchronisés avec l’ERP, Après-demain le site sera ouvert aux professionnels qui pourront voir les tarifs et passer commande (il s’agit d’un site B2B), et après après demain il proposera un catalogue disponible au public (B2C), puis d’autres sites viendront compléter le dispositif.

Chaque phase est déployée à différents moments, selon les besoins de communication du service e-marketing (ouverture de la MVP en période de salon par exemple) ou selon la disponibilité des solutions techniques (synchronisation des données avec l’ERP).

Et le design dans tout ça ?

 

Si du point de vu technique, cette stratégie offre une bonne garantie pour tester et valider une fonctionnalité précise (minimale) et stable (viable), il manque cependant l’assurance de son efficacité en terme de compréhension et d’adhésion : la subjectivité de l’impression laissée par le produit aux utilisateurs qui le testent.

En effet, le MVP ne dit pas que le produit issu de la première itération sera beau, plaisant, agréable et capable de fédérer les utilisateurs.

C’est tout l’objet d’un autre débat qu’on trouve sur internet à ce sujet : MVP ou MLP ? Minimum Viable Product ou Minimum Loveable Product ?

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Viable c’est la fonction. Ça marche, alors c’est viable. La valeur créé est une valeur business. Loveable c’est la valeur affective que vous allez proposer à vos clients. Elle sous-entend que ça marche (donc c’est viable) et en plus c’est appétant, attirant. Cette valeur subjective qui fait que l’utilisateur va tirer un certain plaisir (voir même une fierté) à utiliser votre produit.

La différence est peut-être dans certains cas aussi fine qu’un papier à cigarette, mais elle fait beaucoup : Elle prépare le terrain de l’adoption de votre produit par le public visé. Oubliez cet aspect du projet et vous risquez de fausser complètement vos tests en n’obtenant que très peu de retours de la part des utilisateurs qui testent, ou des retours d’incompréhension. Si vos utilisateurs ne reconnaissent pas votre ADN, votre âme, ils vont simplement ignorer et rester indifférent face à votre produit, quel que soit son niveau de complétude (minimal ou total).

 

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